Hou Juncheng pèse à présent plus d’un milliard. Tout, pourtant, laisse penser que son influence économique débute à peine. Nous le rencontrons le jour, précisément, où Emmanuel Macron initie une visite d’État dans le Céleste Empire.
« C’est être grand que de se savoir petit »
C’est à un homme simple que nous faisons face. Un homme discret, mais affable, sincèrement touché quand il découvre les liqueurs provençales que nous lui offrons. Un homme qui n’hésite pas à déplacer lui-même ce gros fauteuil inopportun lorsqu’il faut immortaliser l’entretien dans cette superbe suite du Fouquet’s. Tout est contrasté chez monsieur Hou, tout est subtilité. Ici, sans doute, trouve-t-on déjà un premier indice pour expliquer ce fulgurant succès dont il est le principal artisan. Le Groupe Proya, leader incontesté des cosmétiques sur le marché chinois, est porté par une étonnante dynamique. Rien ne semble devoir l’atteindre : ni la concurrence, ni la lassitude des consommateurs qui trouvent chez Proya une qualité exemplaire, quel que soit le produit. C’est qu’une stratégie digitale a été lancée comme un bélier dans ce champ de guerre de l’internet. Pourtant, Monsieur Hou, né en 1964, est d’une époque qui n’imaginait pas voir surgir TikTok et sa cohorte de manières nouvelles, dont ce live shopping sur lequel Proya a largement capitalisé. Entouré par des équipes jeunes, ambitieuses et travailleuses, il est allé chercher le besoin pour en tirer des voies de progression constante.
De la remise en question donc, et de l’humilité. L’un des principaux traits de l’industriel. Le visiteur de son bureau y aperçoit une calligraphie signifiant « Être reconnaissant ». On ignore si l’attitude est innée chez lui . Ce qu’il y a de certain, c’est que l’homme est une construction collective, et qu’il se sait largement redevable. Monsieur Hou parle même, à plusieurs reprises, de « chance ». Reconnaissant de traverser une époque encore propice aux aventures entrepreneuriales, reconnaissant à l’égard d’une intelligence qu’il dit propre à son peuple. C’est sans surprise qu’il explique sa réussite par la conjonction du travail personnel et de l’environnement favorable. Est-ce commun ? Oui. Est-ce anecdotique ? Non. Non, car l’universalité de la recette ouvre vers une condition humaine à laquelle notre interlocuteur est extrêmement sensible. Il y a, certes, les problématiques entrepreneuriales. Il y a aussi les problématiques économiques. Mais il y a aussi et surtout des questions sociétales qu’il se refuse à ignorer, et un souci planétaire pour lequel il s’engage résolument. « On souffre ensemble, on réussit ensemble… ».
Obtenir sans rendre, c’est tout perdre
Hou Juncheng formule très simplement les choses : « On n’atteint pas l’équilibre spirituel lorsqu’une réussite personnelle ne s’accompagne pas de services rendus ». Il donne le sentiment de se vivre comme un noyau appelé à rayonner, non pas porté par l’arrogant désir de visibilité, mais pour atteindre cet état d’harmonie à la fois intérieur et extérieur. La beauté se conquiert par la nature, en investissant dans les biotechnologies, en coopérant, par exemple, avec ce laboratoire de recherche français, Codif Technologie Naturelle. Mais, quitte à donner dans le sentimentalisme, il ne décorrèle pas cette beauté d’un éclat intérieur. Avec ses centres de R&D, son désir de participer à l’innovation, avec ce rêve de donner de l’essor à un label prestigieux et porteur de valeurs, un « Created in China », Hou Juncheng développe des produits cosmétiques pour sublimer les épidermes. Mais, dans un même mouvement, il est une peau du monde sur laquelle il faut aussi agir… Cela passera par l’écoresponsabilité, par un développement vert et cette réduction massive de l’empreinte carbone qu’il a pleinement fait siens. Lors d’un dîner récent avec Lu Shaye, Ambassadeur de Chine en France, ce dernier se disait représentant du gouvernement tandis que Hou Juncheng incarnerait plutôt, à ses yeux, un représentant du peuple. La formule lui plaît beaucoup, car jamais sa fortune ne lui fit perdre contact avec la terre des hommes. Bien au contraire.
En France, c’est de l’inspiration qu’il est venu chercher, avec la ferme intention d’augmenter encore sa qualité de service. Nous restons, à ses yeux, capitale de la mode. C’est aussi une terre où se pressent les jeunes talents et le CEO de Proya envisage une heureuse combinaison entre Orient et Occident. Raison pour laquelle il est venu avec une délégation, persuadé que ce voyage ouvrira bien des opportunités. En 2015, à l’occasion d’une rencontre avec Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Économie, il lui affirmera tout de go : « Vous avez la ville de Grasse, il nous faut la même en Chine ! » De là naîtra la China Beauty Ville. Président de son conseil d’administration, il en est aussi, et aujourd’hui encore, le premier agent commercial.
Alors que nous le quittons, il nous invite avec entrain à visiter la Chine et, plus particulièrement, Hangzhou où l’industrie cosmétique bat son plein. Il nous glisse aussi l’ambition secrète de sa visite : « faire que les relations franco-chinoises soient éternelles ».
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